Avis aux amateurs#6
Toute la collection du Nord contemporain conservée par la bibliothèque municipale de Lille vient d’être mise en ligne. Précisément : 43 numéros parus du 1er janvier 1882 au 5 octobre 1883, qui forment une collection probablement complète de cette publication, car aucun autre numéro n’existe, – nulle part ailleurs.
Contrairement à ce qu’indique le titre, ce journal ne s’adresse pas « spécialement au département du Nord », mais l’adopte « comme centre de rayonnement ».
S’y trouve, en effet, tout « un programme encyclopédique » : « histoire, biographie, littérature, science, industrie, agriculture, commerce, finance, beaux-arts ».
Et tout cela « avec la collaboration de nombreux hommes de lettres, artistes, ingénieurs, architectes, industriels, spécialistes, etc. » dont quelques-uns encore aujourd’hui renommés : Paul Bourget, François Coppée, Charles Cros, Paul Féval, José-Maria de Heredia, Guy de Maupassant, Jean Richepin, Charles Richet, ou Eugène Vermersch.
Certes leur collaboration n’est pas régulière, mais toute occasionnelle. N’empêche qu’il y a beaucoup d’intérêt à parcourir ce journal qui donne un petit aperçu sociologique de la France à la fin du XIXe siècle. Car il s’agit en fait d’un journal d’élite, qui « s’adresse exclusivement à la classe éclairée ». Le « luxe typographique » l’atteste. Et le prix de l’abonnement, – qui coûte à peu près 5 jours d’un salaire moyen de l’époque.
Autre intérêt du Nord contemporain : Chaque numéro comporte de « magnifiques photographies hors texte ». Encore faut-il préciser la place de la photographie dans la presse à cette époque pour en bien mesurer tout l’intérêt.
Si le premier livre illustré par la photographie date de 1844, au moment où paraît Le Nord contemporain, la photographie n’a pas tout à fait pris place dans la presse. Sauf sous la forme de gravures (sur bois ou lithographie) avec la mention : d’après photographie. Mais rares sont les titres de presse illustrés par des épreuves photographiques originales, alors collées à la main. Car, pour ce faire, un long temps est nécessaire, ainsi qu’un faible tirage.
Or Le Nord contemporain satisfait à l’une et l’autre exigence : il paraît deux fois par mois, et si son tirage n’est pas connu, sans doute n’est-il pas élevé, vu sa facture et son parti pris.
S’y trouve donc toute une série de photographies, – les unes figurant une « personnalité populaire » (Carolus-Duran, Kuhlmann ou Faidherbe), – les autres représentant « un paysage, une ville, un monument historique ou nouvellement construit, une place publique, une rue, enfin, une vue intéressante à n’importe quel titre et choisie dans toute la France du Nord », – et les unes et les autres étant prises par des photographes aujourd’hui plus ou moins renommés, notamment : Alphonse Le Blondel, ou Jules Ferrand, peut-être font-elles le principal intérêt du Nord contemporain.
Mais à chacun d’y trouver son propre intérêt, sachant qu’il est possible, grâce à l’océrisation du journal, – c’est-à-dire : à la reconnaissance optique des caractères, – d’y faire une recherche dans l’intégralité du texte.Voir les avis précédents :
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