Simons illustrateur et peintre
Dès l'enfance, ses talents de dessinateur sont remarqués, notamment à l'école. Laissons parler Simons de cette période : "Je fus le petit élève de l'école communale où mon instituteur décela mes dons de dessinateur. Le maître était Monsieur Jules Marc, dont j'ai gardé le meilleur souvenir de même que de l'école primaire. Il avait un bon coup de crayon. Il avait croqué un "Turgot" que j'ai reproduit avec tant de talent que l'inspecteur, convenant que l'élève dépassait le maître, m'incita à poursuivre mes études artistiques. Ah! j'en ai fait alors des "Turgot". Pour toute la classe, pour les maîtres et pour l'inspecteur...!" Il n'a alors que 12 ans lorsqu'il réalise sur son cahier d'écolier sa première nouvelle en français et illustrée, "le chien galeux" dont voici un extrait.
bmL, P8-1187 n°16-17 |
Après la Grande Guerre, il s'inscrit à l'École des Beaux-Arts dans l'atelier de Pharaon de Winter (1849-1924). Il y fréquente Albert Dequène, Pierre Maurois, Pierre Paul Desrumaux, Raymond Tellier, Eugène Nys, Léonce Bocquet.
École des Beaux-Arts de Lille 1920, bmL, 36571 |
Simons croque la vie étudiante dans la revue "Lille-Université" et illustre les programmes des revues organisées par l'Union des étudiants de l'État comme les banquets des "Fêtes intimes". Par la suite, il signe avec Maurice Bataille "Les Synthèses Artistiques et Littéraires". Parallèlement, il décore les programmes des Théâtres de Lille et compose un petit dépliant annonçant chaque saison.
bmL, 44204-7 | bmL, 44204-8 | bmL, 44194-1 |
Reporter et caricaturiste pour "L'Écho du Nord", Simons y publie notamment "La semaine humoristique", fable satirique de l'actualité. Après la Seconde Guerre mondiale, il continue à dessiner pour "L'Écho du Nord" devenu "La Voix du Nord". Des procès aux faits d'hiver, en passant par la vie quotidienne des lillois ou encore les feuilletons, tout est immortalisé sous le coup de crayon de Simons. Il collabore également avec d'autres journaux plus légers tels "Le Rire", "Fantasio", "Le Sourire" ou encore "Le Grelot".
Semaine humoristique du 18 juillet 1921, bmL, Jx. 357 |
Semaine humoristique du 15 février 1926, bmL, Jx. 357 |
La reconnaissance ne tarde pas puisque dès 1924, Simons gagne la médaille d'or du concours organisé par le journal "L'Auto" avec "Le salut de l'athlète au public". Un style simple et dépouillé au service de la force du sujet. C'est la vérité de Simons reconnue par ses contemporains. Le célèbre peintre Jean-Louis Forain (1852-1931), président de la Société des Dessinateurs Humoristiques, admire ses talents et l'intronise comme Sociétaire du Salon des Humoristes où Simons expose. Il reçoit également par deux fois le prix Gustave Doré pour ses illustrations dans "L'Égarée de la route" de Gaston Chéreau en 1926 et dans "La Revanche" d'André Thérive en 1930.
Artiste-artisan, Simons se lance dans la publicité et crée un atelier d'affiches avec le lillois Romi. Ainsi, la ville de Lille le sollicite à l'occasion de ses fêtes dont la célèbre "Grande Ducasse" ou encore le "Tricentenaire du rattachement de Lille à la France" puis d'autres entreprises font appel à lui. Voici quelques exemples conservés à la bmL.
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Mais Simons ne s'arrête pas là. Ses lithographies et aquarelles mettent en valeur nombre d'ouvrages de sa main comme ceux de ses amis à l'instar de Maxence Van der Meersch (1907-1951) pour qui il illustre "L'empreinte du Dieu" et "Quand les sirènes se taisent." Fin observateur, Simons saisit la réalité crue dans le bouleversant "Émoi de Lille" écrit par Pierre Vallas, se veut plus sensuel avec "La Vénus de Clious" , jette un regard plus amusé sur "Lille aux Lillos" ou encore les contes de Noël et de la Chandeleur.
bmL, 37778 | bmL, 37778 |
Quant à sa peinture, elle incarne la joie. Simons privilégie la gouache et l'aquarelle car il aime la couleur et la lumière. "Si je juge, disait-il, que la couleur n'apporte rien, je ne l'utilise pas. Chez moi, c'est un fouillis invraisemblable, j'ai tout pour m'exprimer : une palette, un carnet de croquis, des feuilles. Je passe de l'un à l'autre. Quant une idée me vient, je la traduis par un trait, parfois par la couleurs."
"Février, Les confetti", extrait de "l'Almanach des petits métiers", bmL, R20-4-185 |
Portrait de "Maxence Van der Meersch", exposition "Simons le peintre", bmL, 35787 |
NP
Pour en savoir plus
Retrouvez l'ensemble du fonds Simons conservé à la bmL dans le catalogue de l'exposition de 1989.
Parcourez notre catalogue en ligne.
Simons le peintre, catalogue de l'exposition à Rihour en 1993.
Simons,1901-1979 par l'Association Toudis Simons