Né le 1er juin 1820 dans la maison familiale située au n°
120 rue Saint-Sauveur à Lille,
Alexandre Joachim Desrousseaux est le sixième enfant des époux François-Joseph Desrousseaux (1773-1843) et Jeanne Catherine Joseph Vandervinck Desrousseaux (1785-1857). Son père, passementier et violoniste à ses heures, lui insuffle sa passion pour la musique. A partir de 1834, suit les cours gratuits du Conservatoire de Lille. Adolescent, il travaille notamment chez le tailleur Henri Brunel, grand amateur d’airs d’opéra et de chansons de François Cottignies (1678-1740) dit Brûle-Maison. A dix-huit ans, il crée trois pasquilles (chansons patoises) lilloises qui lancent sa carrière : Le
Marchand de pommes de terre, la
Faiseuse de café et le
Marchand de chansons.
Le 18 juin 1841, il entre dans le 46e régiment d’infanterie en tant que musicien et chargé d’un cours de solfège pendant près de 7 ans. De retour à Lille, il rencontre Alfred Danis (1821-1891) qui l’invite au Cercle Lyrique, une société chantante. Devant l’engouement du public, une souscription est ouverte pour la publication d’un recueil. En 1848, le premier volume de «
Chansons et pasquilles lilloises » est publié. Le succès est immédiat. S’en suivent quatre autres volumes.
Au départ, comme tout chansonnier, Desrousseaux utilise des airs connus avant de les composer lui-même. C’est ainsi qu’il écrit d’un jet
L’Canchon Dormoire plus connu sous le nom
Le P’tit Quinquin en 1853. Il publie également quatre almanachs intitulés
Mes Etrennes et met en musique 50 romances de M. Faucompré
Sous les Saules. En 1883, il réalise une
étude biographique du chansonnier lillois Brûle-Maison. En 1889, il consacre un grand ouvrage sur les
Moeurs Populaires de la Flandre française. Membre honoraire de la Lice chansonnière de Paris, titulaire de la Société des sciences, des lettres et des arts de Lille dont il reçoit une médaille, il est décoré de la Légion d’honneur le 29 décembre 1884. Le chansonnier s'éteint le 23 novembre 1892.
Ses funérailles eurent lieu le 27 novembre. Voici les hommages qui lui furent rendus : un piquet de la 43e de ligne et les pompiers rendent les hommages militaires à ce chevalier de la Légion d’honneur. En tête du cortège, les clairons des pompiers interprétent plusieurs marches funèbres :
Le Deuil,
les Cyprès puis
La Pensée lugubre avant de laisser la place à la musique des Canonniers. Ils jouent l’air du
P’tit Quinquin arrangé pour la circonstance par leur chef M. Colin. Enterré au Cimetière de l’Est, l’épitaphe du chansonnier fut rédigée par son ami de la Lice chansonnière,
Gustave Nadaud (1820-1893) :
« Desrousseaux, le dernier des trouvères du Nord,
Garda de nos aïeux le langage et le style ;
Il vécut plein d’honneur et lègue, après sa mort,
Tous ses chants à la Flandre et tout son cœur à Lille. »