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"Ménopauses, quand les femmes en parlent" de Julie Talon (2023)
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Ce documentaire éclairant de Julie Talon ("Préliminaires") offre une passionnante galerie de portraits.Filmées au travail, au volant, sur le dancefloor, et le plus souvent dans l’intimité, douze femmes d’horizons divers témoignent, avec émotion, ironie et une salvatrice distance, de la façon dont elles vivent leur ménopause et son cortège de mauvaises surprises. Au choix : bouffées de chaleur, prise de poids, perte du désir, insomnie, et, côté séduction, sentiment persistant d’invisibilité… Ces désagréments varient en nombre et en intensité selon les cas. "Parfois tout est calme. Si la mer est agitée, le passage est plus difficile", entend-on dans une archive où un docte expert compare cette étape à un voyage en bateau. Une blonde pleine d’humour, munie d’un petit ventilateur, qui déclare "monter à plus de cinquante bouffées de chaleur par jour", juge cet état "handicapant". Alors qu’elle regorge d’envies et de projets, elle sent sa vie "entre parenthèses". Ce qui complique cette période, c’est l’injonction de faire comme si tout allait bien dans une société qui refuse encore aux femmes le droit de vieillir. "Mes collègues se cachent dans les toilettes pour s’éponger mais ne veulent pas en parler", témoigne une infirmière. Une autre s’émeut en évoquant un deuil de la fertilité auquel elle estime ne pas avoir été préparée. Au fil des témoignages, malgré beaucoup d’humour et d’énergie, un sentiment de révolte émerge, et, avec lui, le désir grandissant de ne plus rien endurer en silence. "On devrait pouvoir dire :‘Bah excuse-moi, mais je vais avoir chaud, là’ !", déclare l’une d’elles.Refus de faire semblantSous le regard affûté de la documentariste Julie Talon (Préliminaires), dotée d’un indéniable talent pour faire jaillir la parole, se révèle une superbe galerie de portraits de femmes éprouvées mais aussi solaires, tatouées, coquettes et épanouies – la ménopause pouvant s’avérer libératrice. Séparation, virage professionnel… : certaines profitent de ce cheminement pour changer de vie et s’assumer enfin telles qu’elles sont, avec leur expérience, leur envie de séduire, leur refus de faire semblant et leurs kilos en trop, se libérant du regard des autres ou du leur, qui peut être "d’une sévérité extrême". "Mon gros cul est politique", déclare Chloé, qui s’est longtemps sentie complexée par ses "formes". "Aujourd’hui, ça m’intéresse de dire : 'Voilà, une femme de 53 ans, c’est comme ça ! Et si ça te plaît pas, tant pis’."