Syracuse

Avis des professionnels

• Une plongée sensible et psychédélique dans l’héritage du Beat 5/5

  "Au commencement était le Beat ; il gonfle tes muscles, siffle dans tes narines et fait dresser tes poils... C'est ce qu'il faut cultiver, nourrir en toi, soigner " p.43. Ce roman graphique, à mi-chemin entre le documentaire et le carnet de voyage spirituel, nous entraîne dans le New York de 1988 aux côtés de Gilles Farcet, écrivain et journaliste français, parti à la rencontre d’Allen Ginsberg, figure tutélaire du mouvement Beat. La narration se construit par touches successives de citations, d’anecdotes, de clins d’œil littéraires si bien que l’esprit du Beat se retrouve à chaque page. Les illustrations (magnifiques) aux couleurs psychédéliques, accompagnent les incantations poétiques de Ginsberg ou bien celles de Hank, personnage mystérieux, incarnation du « clochard céleste » de Kerouac. Loin de la biographie, cette BD opère plutôt comme un passage de relais, une conversation suspendue entre deux époques : celle, flamboyante, des années 1950 et 1960, où la Beat Generation redéfinissait les contours de la poésie, de la liberté et de l’engagement artistique américain, et celle plus désenchantée des années 1980, en quête de repères. Au crépuscule de la Beat génération est plus qu’une porte d’entrée dans l’univers Beat : il propose une filiation, une réactivation. Un livre à mettre entre les mains de celles et ceux qui cherchent, encore aujourd’hui, à conjuguer révolte intérieure et lucidité poétique.

  Thomas D. (vacataire médiathèques du réseau lillois) - Le 21 mai 2025 à 09:46