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Qu'est-ce qu'on va faire de Jacques ?
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À la mort de leur père, Louise, Fabien et Estelle se retrouvent démunis face à leur frère schizophrène qu’ils doivent désormais prendre à leur charge. Souffrant de troubles schizophréniques, Jacques, la trentaine, a toujours vécu chez ses parents. Après le décès de sa mère, il a été protégé et choyé par son père, dévoué corps et âme à ce fils différent et fragile. Mais à sa mort, Fabien, Estelle et Louise, les frère et sœurs, doivent envisager l’avenir de Jacques, estimant qu’il ne peut rester livré à lui-même. Désemparé par le deuil et la perte de ses repères, celui-ci fait une tentative de suicide le jour de l’enterrement. À sa sortie de l’hôpital, il regagne la maison familiale, que ses frère et sœurs ont mise en vente, comme si de rien n’était. Il refuse d’aller dans une institution, laissant la fratrie démunie : que faire ? Louise, la benjamine, accepte de veiller sur lui et finit par l’héberger, avec l’accord de son compagnon. Fabien, en revanche, a peu de patience face aux réactions imprévisibles de ce frère envahissant et ingérable. Quant à Estelle, tout à la naissance prochaine de l’enfant qu’elle va avoir avec sa compagne, elle se tient à distance, déléguant à Louise et Fabien le poids des décisions à prendre… En souffrance Colosse aux affects perturbés, habité par un mal sournois, Jacques fume et boit plus que de raison pour faire taire les voix qui résonnent parfois dans sa tête. Il voudrait peut-être vivre seul, dans une petite maison au bord de la mer ou bien dans un appartement en ville. Mais en est-il capable ? Dévouée et sensible, Louise délaisse en pointillé sa propre vie pour tenir au mieux le rôle de l’aidante, toujours aux aguets, alarmée par les disparitions ou les coups de fil intempestifs… Après le remarqué La fête est finie, son premier long métrage, Marie Garel-Weiss aborde frontalement les ravages de la maladie psychique pour ceux qu’elle affecte directement et pour leur entourage, parents usés comme frères et sœurs dont l’enfance et la jeunesse ont été bouleversées. Récompensé à La Rochelle pour son interprétation de Jacques, Vincent Deniard (La nuée, Gaspard va au mariage…) exprime avec pudeur les hauts et les bas d’une âme en souffrance, entre enthousiasmes soudains et détresse profonde. Emmené par une distribution talentueuse (Maud Wyler, Pascal Rénéric, Samir Guesmi…), un film poignant sur un sujet de société rarement abordé à l’écran avec tant de justesse.